Alors voici mon petit conte:
Un père Noel
J'étais... d'ailleurs où étais-je? Oui, cela me revient. J'étais sur une espèce de banquise froide, dénuée de tout mouvement hormis celui des flocons. Sur mon visage flottait comme un air de moribond, je doutais de ma propre existence lorsque enveloppé dans la neige, j'avais trouvé un gland pareil à celui-là. J'étais resté bêtement à l'observer. Il était rond avec des nervures orangées qui lui donnaient un air sauvage. Son petit chapeau lui couvrait la tête pour lui tenir chaud en ces jours de fête.
Tout son corps était gelé, je l'avais tâté, tandis que je le saisissais dans mes mains, au creux de mes paumes. C'était ici qu'il trouva son nid. Il se réchauffait progressivement progressivement à chaque minute il s'agitait comme un poussin dans son oeuf.De temps à autre, un frisson me parcourait, je le savais à quoi l'attribuer. Au froid? A l'émotion face à ce corps qui renaissait? Où à la mienne devant un fait inoui qui ferait de moi le premier père.
Je ne l'avais jamais conçu, nous n'étions aucunement semblables et pourtant, ce petit bonhomme logé dans sa coquille, je l'aimais. Arrivé chez moi doucement, je l'avais drappé dans de l'aluminium, puis je l'avais disposé sur le feu de cheminée. Il se mit à suer, la vie revenait en lui aussi, c'était certain, mes yeux l'avaient vu bouger.
Dans le feu qui crépitait, je l'entendais émettre des balbutiements. Avant qu'il ne noircisse et qu'il ne meurt, je l'avais ôté. Nous nous étions tout deux installés sur ce fauteuil.
Encore chaud, ce gland me redonna de la chaleur comme s'il se rappelait qui l'avait dorlotté.
Dans la nuit de Noel en dépit de toute terre, de chaleur et d'espoir pour cette graine, elle germa. Au matin mon fiston avait grandi, il n'avait plus besoin ou presque de moi. Bientôt, il rejoindrait les siens mais avant, avant qu'il ne me quitte, je l'ai embrassé sur son front, sur ce pelage chamaré qui m'avait attiré, sur ce petit coeur qui m'avait séduit. Après ce baiser, je m'étais rendu dehors, sous la neige qui n'avait pas cessé de tomber.
" Profite de ta vie, brave chêne" disais-je avant de disparaître dans une rafale.
Je n'étais revenu que pour lui, il n'avait attendu que moi. Chaque Noel, je m'assois sous ce chêne devant ce qui était ma maison. Près de ce chêne, j'offre des histoires que cet arbre a entendues, car ils ont des oreilles meilleures que les nôtres même !