Recherches diverses et variées (Lisette- Louis- Alice )

Depuis que Louis avait sorti Lisette des Enfers, puis l'avait emmenée à Vallamdoum où il lui avait confié qu'il devait, en gage de sa libération, tuer quelques gêneurs pour Perséphone; Liisette s'était mis en tête de se racheter d'une manière ou d'une autre. Personne n'avait à payer pour ses erreurs, elle était bornée, parfaitement impulsive mais savait qu'elle avait une dette envers Louis. Elle présenta son idée de se rendre à Palmalis en prétextant qu'il lui fallait se procurer un livre à tout prix et que seule une bibliothèque comme celle-ci pouvait lui fournir un tel ouvrage. Comme les livres étaient les faiblesses de Louis, il céda. La vampire pensait en elle-même que lui fausser compagnie serait une tâche plutôt aisée. Il fallait juste l'emmener au rayon où il s'adonnerait à son activité favorite, puis attendre qu'il baisse sa garde. Lorsqu'elle sentirait qu'il partirait complètement dans son livre, elle s'éloignerait avec la discrétion d'une souris: telle était sa stratégie.

L'Université de l'Absolu était un magnifique bâtiment aussi imposant de l'extérieur que de l'intérieur. Les bibliothécaires vaquaient à leurs occupations à tous moments, puisqu'elles étaient sollicitées de toute part et comme si cela ne suffisait pas, il y avait à l'étage une exposition abritant les oeuvres d'un nouvel artiste prometteur. Qui disait prometteur, disait forcément forte affluence. Cette foule pouvait être très profitable pour Lisette qui pourrait se glisser parmi elle, atteindre le bureau d'entrée et demander les précieux renseignements qu'elle souhaitait. Louis n'avait pas été très bavard durant leur marche, il semblait plus pensif que d'habitude. Lisette sentait qu'elle pourrait tuer pour racheter sa faute s'il le fallait, elle savait ce qu'il en coûtait à son mentor d'user de ses pouvoirs... Il aurait mieux valu que ce soit elle... Un mortel n'était pas grand chose après tout face à une multitude... Un mortel était un inconnu pour Lisette et donc d'importance moindre pour elle par rapport à Louis.

Tout en se déplaçant sur des nombres incalculables d'étagères, Lisette se demanda si Perséphone voudrait la prendre à la place de Louis dans ce rôle. Le problème tenait en un peu de mots... Vu son incapacité à se plier aux règles, elle ne vivrait sans doute pas très longtemps...

Louis avait été étonné par la déclaration de Lisette concernant son excursion à Palmalis: le jeune fille n'avait jamais été très intéressée par les livres et la culture en général, préférant l'exsanguination de créatures innocentes. Ce désir soudain de lecture était suspect. Le vampire Louis insista donc pour accompagner Lisette: qui sait ce dont cette jeune impudente était capable, surtout après les récents évènements. Il tenait absolument à la protéger et à la surveiller: il pourrait ainsi éviter un bain de sang, ou une initiative dangereuse de la part de Lisette. Louis n'aimait voir sa pupille se fondre dans la masse, qui pour elle n'était qu'une source de nourriture. Il voulait être son ange gardien à jamais, afin de la protéger d'elle-même et des autres. Il était responsable, en tant que son créateur, de chacun de ses gestes aussi horribles et destructeurs soient-ils....Louis espérait que Lisette reste sage et sensée en sa présence même s'il doutait de l'humilité et de la retenue de sa fille.

"Pourtant, sous la tutelle invisible d'un Ange,
L'Enfant déshérité s'enivre de soleil,
Et dans tout ce qu'il boit et dans tout ce qu'il mange
Retrouve l'ambroisie et le nectar vermeil."

Ah!! Comme le virtuose Charles décrivait si bien sa situation de père! Avait-il lui aussi engendré une enfant des ténèbres aussi imprévisible et vorace que le Petit Chaperon Rouge? C'est ainsi que Louis accompagna Lisette à Palmalis, la ville des livres et du savoir, son endroit de prédilection en Terralunae. La foule s'entendait en profusion dans la ville de l'intellect; de même dans la bibliothèque principale(celle de l'Université de l'Absolu), où arrivèrent les deux vampires. Cela était du à une exposition de peinture leur apprit-on. Louis, ne résistant pas à la tentation de tous ces livres regroupés devant ses yeux, fit le tour des étagères; prenant bien sûr soin de trainer Lisette avec lui à chacun de ses déplacements. Il faillit en oublier la prétendue recherche de sa pupille. S'en souvenant, il se planta devant une bibliothécaire qui semblait extrêmement affairée. Ce fut une jeune femme aux longues boucles argentées et aux prunelles écarlates qui leva les yeux vers lui. Voyant qu'il avait capté l'attention de la jeune bibliothécaire, il lui dit:

-Excusez-moi de vous déranger, mademoiselle. Ma fille ici présente cherche un ouvrage de Nicolai Flamen intitulé La mort n'existe pas ou chroniques d'un journaliste aux Enfers.Pourriez-vous nous aider à le trouver?

Entre les multitudes de rayonnages qui s'étendaient dans la bibliothèque de l'Université de l'Absolu, on pouvait apercevoir une jeune fille à l'air presque innocent travailler avec ardeur. Alice avait beaucoup de travail à la bibliothèque. Le hasard avait voulu qu'aujourd'hui ait lieu une importante exposition alors que de nombreuses aides-bibliothèque étaient absentes. La jeune fille courait donc en tout sens, rangeant divers ouvrages quand elle n'aidait pas les visiteurs à la recherche d'un livre ou tout simplement de leur chemin. Il fallait dire que ce lieu était immense; de tout côtés, les étagères recouvertes d'ouvrages s'étendaient dans ce qui semblait être des kilomètres. Ce lieu était un véritable sanctuaire pour les érudits et les amoureux de la lecture qui pouvaient passer des heures en ces lieux, se perdant au travers des différents ouvrages. Tandis qu'elle rangeait quelques livres grâce à ces dons de télékinésie (l'échelle ne lui permettant guère de monter suffisamment haut pour les mettre à leur place), notre jeune amie fut interrompue par deux personnes. L'homme, qui fut celui qui prit la parole, ne lui semblait pas inconnu, elle l'avait sans doute déjà croisé auparavant.

-Excusez-moi de vous déranger, mademoiselle. Ma fille ici présente cherche un ouvrage de Nicolai Flamen intitulé "La mort n'existe pas ou chroniques d'un journaliste aux Enfers".Pourriez-vous nous aider à le trouver?

- Bien sûr monsieur. répondit t-elle avec une petite révérence.

Elle fit passer le bout de deux de ses doigts gantés entre ses fines lèvres et siffla. Presque aussitôt, on put apercevoir un lapin blanc pointer le bout de son museau au sommet de l'étagère.

- Oui Alice?

- Peut-tu aller me chercher "La mort n'existe pas ou chroniques d'un journaliste aux Enfers" de Nicolai Flamen s'il-te-plait? Il me semble qu'il y en a un au rayon 56 vers l'étagère 32B.

La petite tête blanche disparu immédiatement, sautant d'étagère en étagère à la recherche du dit ouvrage.

- Il ne devrait plus tarder. fit l'adolescente.

Elle avait beau faire des efforts, il lui était impossible de ce souvenir du nom de cet homme. Il était pourtant assez reconnaissable avec ses yeux verts et ses cheveux brun comme l'ébène tombant sur ses épaules. La demoiselle lui aurait bien posé directement la question cependant, ce n'était guère très poli et elle ne souhaitait pas risquer d'offenser quelqu'un surtout si elle le connaissait.

Finalement le lapin arriva en courant, zigzaguant entres diverses personnes un ouvrage à la main tandis qu'on pouvait l'entendre dire:

- Par mes oreilles et mes moustaches je suis en retard, en retard, en retard!!!

Il se jeta dans les bras de la jeune fille aux cheveux d'argent; celle-ci après l'avoir réceptionné et caressé sa tête affectueusement lui prit l'ouvrage des "mains" avant de le tendre aux deux personnes qui patientaient.

Un livre à la couverture verte tomba à côté du vampire. Louis, ne pouvant s'en empêcher, se retrouva plongé dans le dernier roman de Trame Hole, qui était tout aussi excellent que les précédents. Lisette, qui s'était éclipsée quelques minutes, réapparut à ses côtés, les Paradis Artificiels dans les mains. Il était étonnant de voir un ouvrage tel que celui-ci en possession de la béotienne et amorale Lisette; Louis ne fut pas dupe. Il ne la laisserait plus jamais s'aventurer dans des couloirs trop sombres:

"Non, quand bien même une amère souffrance
Dans ce coeur mort pourrait se ranimer ;
Non, quand bien même une fleur d'espérance
Sur mon chemin pourrait encor germer" (A. de Musset)

Le vampire Louis, tout aussi déterminé, s'approcha alors de Lisette pour lui dire:

-Tu tiens ton livre à l'envers, c'est odieux de bafouer comme ceci ce poète si grandiose..... Mais que manigances-tu Lisette? Je te vois venir avec ta feinte absurde de recueillement intellectuel; n'oublie pas que je vis dans ta tête et coule dans tes veines.

La jeune fille baissait les yeux et feignait l'innocence. Mais elle n'excellait pas non plus dans les arts dramatiques et était donc une piètre actrice. Que comptait donc t-elle faire? Tuer des innocents à sa place? Peut-être que Louis n'aurait pas du lui servir ce mensonge, il n'en prenait conscience que maintenant: il aurait du prévoir l'imprévisible réaction de Lisette. Soudain, une boule de poils duveteuse et immaculée apparut à leur pieds, tenant l'ouvrage de Nicolai Flamen entre les pattes. Louis attrapa le dit livre et remercia le rongeur agile d'un signe de tête. IL le tendit alors à Lisette et lui lança:

-Tu as le livre que tu recherchais maintenant, rentrons à Vallamdoum.

Le sujet n'ayant pas trouvé de réponse depuis un mois a été verrouillé, pour le déverrouiller contactez moi Je le deverrouillerai au besoin. (On suppose que Louis et Lisette ont quitté l'université)