Nouvelles de la vampirette

Les Réflexions du Corbeau

La souffrance, il nous faut l’éviter. Car qui dit souffrance dit malheur, or pour nous préserver dans un bonheur parfait, il faut soustraire cet épître de notre conduite. Prendre les chemins les plus sûrs, les moins ardus afin que nos sandales ne soient plus ensanglantées par nos avancées. Les épines se trouvent si facilement au détour d’un carrefour, d’une rivière, d’une clairière. Que le terrain soit voilé ou non, l’œil du danger nous poursuit jusqu’à nos chaumières se mélangeant aux cendres de l’âtre. Ainsi donc, nous serions condamnés à souffrir ? Un destin pour l’homme ?

Ne sommes-nous pas l’espèce qui sait le mieux s’adapter ? N’avons-nous pas survécu aux cataclysmes ? Si un sort si funeste nous gouvernait tous voilà bien longtemps que je ne vivrai plus … Tout en sirotant ma bière habituelle au fond d’un de ces tripots bien malfamés, j’attendais mon futur client et ma future victime. La mousse était légère, j’avais peur qu’elle veuille s’échapper de son sort elle aussi, ce n’était pas pourtant cette considération qui me fit avaler précipitamment ma boisson. Un noble entrait et déjà tous les assassins se ruaient vers lui pour saisir l’affaire qu’il allait proposer.

Trop de monde, cela ne pouvait être intéressant… Je ne savais que trop bien ce que l’appât du gain faisait. Un assassin obtiendrait cette mission, mais il allait se retrouver face à toute notre bande. J’avais le goût du défi, en revanche le suicide m’intéressait peu. Je me retournai pour observer mon partenaire, l’air faussement dépité.

- Je ne crois pas que notre bourse se remplira ce soir, compagnon. Il va falloir nous serrer la ceinture…

- Je le crains également… regarde le pauvre père ne sait plus à qui s’adresser, sourit Fresk.

L’homme qui avait fait irruption dans la taverne suppliait tous les assassins de se calmer et de détailler précisément leurs aptitudes. Que voulait-il comme preuve ? Nous ne pouvions nous entretuer … Je dis soudain tout en plongeant la tête vers la table, des noms assez célèbres dans notre confrérie.

- Seigneur, si votre choix se porte vers un assassin vif choisissez Urt, si vous préférez un homme fort choisissez Sigurd aucun colosse ne lui résiste. En revanche, je ne connais personne d’aussi futé que Gastryard… Si vous voulez l’artiste parfait, rendez vous sur la colline qui domine celle-ci et adressez vous à Tyrill, ses mérites sont légendaires. Après si vous souhaitez que ces individus fassent l’éloge d’eux-mêmes, ils le feront avec délice.

Le brouhaha cessa ; je le sentais. Je n’étais nullement inquiète. En cet endroit, le silence était plus preuve de respect que d’injure. Néanmoins, comme je ne voulais pas imposer ma présence, j’appelai le gérant pour qu’il me serve à nouveau. Ma commande exécutée, Fresk me fit remarquer que les disputes recommençaient de plus belle. Ils ne pouvaient supporter se voir évaluer les uns et les autres. Ils se sentaient infantilisés, à mon humble avis se battre était bien entendu le bon moyen de savoir qui était le meilleur. Au moins, ils le faisaient à la vue de tous… Cela éviterait des morts inutiles…
- Laisse-moi deviner, tu les laisses se fatiguer pour prendre cette offre, suggéra Fresk.

- Même pas, je veux juste qu’ils se rendent compte de leur maturité, affirmai-je tout en déclinant un sourire. Regarde-les se taper dessus ! Cela fait peine à voir vraiment !

- Je croyais que tu voulais la récompense… Je ne saisis pas vraiment…

Ramenant ma frange sur le côté pour qu’il puisse se rappeler mon visage, je repris cette conversation.

- Te rappelles tu ce dragon et la blessure qu'il m'a infligée alors que nous étions vainqueurs ?

- Comme pouvais-je l’avoir oublier ?

C’était un jour où nous avions accepté de tuer un chevalier lors de son pèlerinage, nous devions le tuer avant qu’il n’atteigne son objectif. Personne ne nous avait précisé qu’il cherchait à atteindre une caverne. Nous l’avions bien pourfendu… nous avions même trouvé un dragon que Fresk avait courageusement exterminé. Sauf qu’en ôtant son épée, son sang se répandit sur la moitié de mon visage, laissant une large marque noire. Depuis mon surnom était cet animal annonciateur d’événement funeste, cet animal dont le plumage n’exhortait pas les cieux. On m’appelait « Le Corbeau ». Je ne répondais qu’à ce titre comme la mort répond au glas de la vie, j’étais toujours disposée
Cet animal m’honorait dans chacun de ses travers, j’observais toujours de loin prête à m’envoler avec Fresk si la situation nous pressait. Je traînais derrière moi un manteau de deuil, noir de tous ces complots que Fresk dressait. Il était l’organisateur, j’étais l’observatrice. Je pressentais chaque frisson, chaque haussement de paupière… Balbeck vint nous trouver à notre table ; il nous fit plein de sous-entendus douteux

- Dis Le Corbeau, toi qui es si maligne, quelle est la probabilité d’échapper aux gardes ?

Je fis mine de ne pas saisir la menace que son ton diffusait.

- Tout dépend du déploiement…

Fresk beaucoup moins soucieux de la grimace de Balbeck le soutint du regard jusqu’à ce qu’il s’éclipse. Au moins lui ,il savait chasser les gens, je ne voulais pas presser le départ de cet individu ; il était bien assez grand pour savoir quelles répercussions donneraient cette action. Bien que nous nous égorgions sans mal dans nos missions, si la nouvelle d’une trahison au sein de notre groupe se répandait, le traitre était promis à se balancer au bout d’une corde. Nous pouvions accepter le meurtre, il faisait partie de notre vie comme l’était la clandestinité, cependant notre honneur d’assassin nous bornait à une certaine loyauté envers nos frères. C’était une loyauté certes faillible, mais il était interdit de révéler aux gardes nos positions. Nous avions avec les gardes des points communs, nous étions tous deux des faucons volant dans le ciel pour s’abattre sur leurs victimes. Nous avions soif de sang ou d’ordre ; nous étions fait dans le même moule seulement nos objectifs divergeaient.

Alors que la situation s’agitait avec moins d’ardeur, je questionnais Fresk sur cette considération.

- Penses-tu que nous sommes semblables hormis les objectifs que nous suivons ?

-Hum…

- Nos buts ne peuvent être les mêmes, prenons le monarque et le mendiant. Qu’est-ce qui les distingue l’un de l’autre ?

- Le pognon ? proposa Fresk.

- Il n’est qu’un ingrédient aux recettes de ces deux hommes. Je pense que leur seule différence revient aux difficultés qu’ils rencontrent, donc aux objectifs qu’ils se fixent.
Je pensais à tous ces gens qui ne tolèrent pas d’autres personnes sur un aspect qui ne faisait qu’une pièce de cette vaste peinture qu’est l’homme. Cette peinture serait de toutes les couleurs des pieds jusqu’à son front on y verrait le monde, mais dans son esprit ne s’agiterait qu’une seule idée qui ferait de l’œuvre une toile unique dont l’unique artiste est l’auteur de cette vie.

- Quelque part… nous devons être une sacrée cuisine vu toutes les difficultés qu’il nous faut affronter, conclut Fresk.
- Sans doute Fresk, sans doute Fresk.

L’agitation s’apaisa, même s’apaisa trop brusquement. Fresk partit en reconnaissance, mais avant même qu’il ne se lève, j’avais senti le plancher tressaillir sous le poids d’un corps inerte. Lors de l’impact, une ribambelle de cliquetis avaient tinté, c’était ainsi que j’en avais déduit que le noble avait voulu rentrer dans la confrontation. Je pouvais même affirmer qu’il avait heurté une table, un craquement m’en avait informé. Sa tête ne l’avait pas supporté, il avait par elle trouvé sa mort. Je rejoignis Fresk qui m’enjoignit de quitter promptement les lieux, la garde arriverait mais avant elle, allait se déverser un flot de haine…

O_O c'est une nouvelle? C'est assez bien pour en faire une grande histoire^^ Super en tout cas.

Merci ^^ Oui, c'est une nouvelle, c'est vrai qu'on peut avoir l'impression qu'elle pourrait se prolonger. Very Happy

J'aime bien le Corbeau comme personnage en plus Razz

Je trouve qu'elle a une certaine classe.

Bah, c'est ton probléme si tu va pas la prolonger mais moi j'ai trouver ça vraiment bien. Je t'encourage a encore t'exercer, même si c'est une nouvelle elle est géniale Wink

» Compte de la Vampirette
» La vampirette un peu à la traine